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La voûte vue depuis l’échafaudage intérieur |
Une cathédrale métallique a investi
la chapelle Saint-Gonéry, c’est une présence incongrue qui
cercle toute la nef et se coiffe d’un plateau de métal. Cela
surprend, mais, à l’ascension de cet échafaudage, la surprise
laisse place au sentiment d’effectuer un voyage dans le temps
puisqu’à l’ouverture de la trappe sommitale on débouche soudain
(photos 1 et 2) au XV
e siècle sur ce plancher, établi
au ras de ces peintures que nous ne connaissions que de notre XXI
e
siècle d’en bas…
Au-delà du merveilleux d’une vision
rapprochée de tous les détails, on ressent une sensation de contact
avec une subtile présence rémanente de ces artistes d’un autre
temps, nous ne sommes plus seulement devant leur peinture mais
également bien au milieu de leur groupe et de leurs pensées qui
prennent forme sur le plafond lambrissé.
Indépendamment de cet extraordinaire
ressenti, le lieu permet d’apprécier toutes les facettes de l’état
des peintures. L’urgence des travaux se manifeste tout d’abord au
vu de 2 panneaux qui présentent une très inquiétante courbure
prédisant une inéluctable chute si rien n’était fait. Le panneau
d’Adam et Ève et Résurrection de Lazare est l’un d’eux (photo
3) et 4 où la courbure est bien visible. Il fait l’objet depuis 5
mois de la pose d’un soutien provisoire. La courbure est très
visible aussi sur le panneau de la naissance d’Ève et Fuite en
Égypte (photos 5 et 6), on y distingue la présence de pièces
métalliques posées naguère pour consolidation.
Les lambris sont fixés sur la
poutraison qui les tient au moyen de clous qui sont rouillés, il est
prévu d’en traiter les têtes au cours des travaux. La réfection
de cette poutraison est un impératif vital pour l’avenir de la
chapelle : la chute des lambris peints serait une perte
irrémédiable.
Quelques planches
ont échappé à leur fixation (photos 7,8), des trous se sont formés
(photo 9) et on constate beaucoup de défauts de surface.
Selon l’entreprise qui en effectuera
la restauration, le nettoyage des peintures s’effectuera assez
facilement car le décor n’est pas énormément sale. Mais l’usure
du temps a fait son œuvre sur le bois des lambris : petits
trous, fissures…(photo10) et s’est alliée à une inévitable
décoloration (photo 20), sur l’ensemble des panneaux un gros
travail de restauration est donc nécessaire pour sauvegarder
l’ensemble. Sur la photo 20 nous voyons la diversité des niveaux
d’altération avec un roi Hérode encore bien coloré et son écuyer
qui nous présente un costume bien terne à l’instar de la majorité
d’une bonne moitié de cette scène (photo 21). Ce panneau illustre
bien l’ampleur du travail à réaliser. On retrouve la même
disparité entre un Créateur bien pâle (photo 22) et son voisin
(photo 23) : un Séraphin bien coloré. Dans la scène du
massacre des Innocents, le trio en photo 24 nous offre un personnage
central vêtu d’une tunique bien teintée qui contraste avec la
pâleur de celles de ses voisins peut-être d’une couleur initiale
différente: le pigment utilisé au centre aurait alors mieux
résisté : on remarque la bonne rémanence de la même couleur
sur les jambes du personnage de gauche. Les photos 25, 26, illustrent
bien tout le travail à réaliser : réfection du support, puis
restauration de peinture.
Sur la photo 24, une constatation
s’impose : la netteté des traits des visages et un teint de
relative bonne santé, ceci se retrouve dans d’autres scènes :
lors d’une précédente restauration, ce fut sans doute un choix
délibéré que de privilégier la réfection de certaines
physionomies. Sur l’ensemble des peintures, ceci contribue à nous
inspirer une appréciation qui n’est pas désespérément
catastrophique quant à leur état, compte tenu bien sûr de leur
ancienneté d’origine. On peut cadrer de beaux fragments de scènes
(photos 27 à 39), ils ne peuvent que nous inspirer qu’il est
essentiel de sauvegarder ce rare patrimoine, subsistant en peu
d’endroits: il est le témoignage toujours bien vivant de la vie
spirituelle et culturelle de générations de Plougrescantais, un
témoignage exprimé avec talent et naïveté dans un Art populaire
émouvant.