Rubriques explicatives

samedi 19 janvier 2013

Une poulie mystérieuse et un faux autel dans notre chapelle







Dans le transept sud de notre chapelle, le visiteur est invité à lever les yeux pour admirer les sablières qui ornent le haut des murs. Son attention est généralement attirée également par la vision insolite d’une poulie suspendue à la poutre d’entrait qui traverse le transept. Les valeureux guides se doivent donc de fournir une explication aux visiteurs : ce fut d’abord l’hypothèse de la présence d’un luminaire avec la nécessité d’un mode de suspension compatible avec une facilité de remplacement des chandelles. Mais une observation plus attentive des lieux montre à la verticale de cette poulie une différence d’aménagement du sol : sur un rectangle bien délimité, le pavement présente un aspect différent des alentours. Ce serait l’indice de la suppression d’un puits existant autrefois à cet endroit (et bénéficiant de l’usage de la poulie), car un visiteur ayant des capacités de sourcier nous a affirmé la présence d’eau souterraine à cet endroit précis.











Cette interprétation s’accorde avec les souvenirs ancestraux d’anciens Plougrescantais présentant  comme une « table d’offrandes » dans le transept (et non pas comme un autel) ce qui figure sur la photo ci-dessous. L’usage de la table d’offrandes était très répandu depuis les temps primitifs du christianisme et pratiqué aussi dans le judaïsme, cette table était alors connue sous le nom latin « oblationarium », la définition de cette table mentionne bien la distinction à faire avec l’autel, destiné exclusivement à la célébration de l’Eucharistie. Les fidèles y déposaient leurs offrandes, généralement en nourriture, celles-ci étant destinées d’abord aux besoins du clergé de la paroisse, ensuite les pauvres de la paroisse pouvaient disposer du reste, et utiliser le puits pour prendre de l’eau. Selon les anciens, il leur était même possible (hors offices bien sûr) d’utiliser cette table pour y prendre un repas, on peut voir ici une séduisante allusion au symbolisme du repas eucharistique. La tradition généralement admise sur l’usage en Bretagne de la table d’offrandes est moins pittoresque : les dons y étaient déposés à l’occasion de la grand-messe dominicale, à l’issue de l’Office le clergé prélevait sa part pour sa subsistance et le reste était alors vendu aux enchères au bénéfice de la paroisse et de ses œuvres charitables.