Rubriques explicatives

vendredi 14 décembre 2012

Etat de la voûte de la chapelle avant restauration


Nota préliminaire. Toutes les photos citées et numérotées dans cet article sont représentées dans un diaporama complet auquel on accède en cliquant ici ( utiliser de préférence les navigateurs google chrome ou mozilla firefox)


La voûte vue depuis l’échafaudage intérieur 






Une cathédrale métallique a investi la chapelle Saint-Gonéry, c’est une présence incongrue qui cercle toute la nef et se coiffe d’un plateau de métal. Cela surprend, mais, à l’ascension de cet échafaudage, la surprise laisse place au sentiment d’effectuer un voyage dans le temps puisqu’à l’ouverture de la trappe sommitale on débouche soudain (photos 1 et 2) au XVe siècle sur ce plancher, établi au ras de ces peintures que nous ne connaissions que de notre XXIe siècle d’en bas…





Au-delà du merveilleux d’une vision rapprochée de tous les détails, on ressent une sensation de contact avec une subtile présence rémanente de ces artistes d’un autre temps, nous ne sommes plus seulement devant leur peinture mais également bien au milieu de leur groupe et de leurs pensées qui prennent forme sur le plafond lambrissé.


Indépendamment de cet extraordinaire ressenti, le lieu permet d’apprécier toutes les facettes de l’état des peintures. L’urgence des travaux se manifeste tout d’abord au vu de 2 panneaux qui présentent une très inquiétante courbure prédisant une inéluctable chute si rien n’était fait. Le panneau d’Adam et Ève et Résurrection de Lazare est l’un d’eux (photo 3) et 4 où la courbure est bien visible. Il fait l’objet depuis 5 mois de la pose d’un soutien provisoire. La courbure est très visible aussi sur le panneau de la naissance d’Ève et Fuite en Égypte (photos 5 et 6), on y distingue la présence de pièces métalliques posées naguère pour consolidation.



Les lambris sont fixés sur la poutraison qui les tient au moyen de clous qui sont rouillés, il est prévu d’en traiter les têtes au cours des travaux. La réfection de cette poutraison est un impératif vital pour l’avenir de la chapelle : la chute des lambris peints serait une perte irrémédiable. Quelques planches ont échappé à leur fixation (photos 7,8), des trous se sont formés (photo 9) et on constate beaucoup de défauts de surface.
Selon l’entreprise qui en effectuera la restauration, le nettoyage des peintures s’effectuera assez facilement car le décor n’est pas énormément sale. Mais l’usure du temps a fait son œuvre sur le bois des lambris : petits trous, fissures…(photo10) et s’est alliée à une inévitable décoloration (photo 20), sur l’ensemble des panneaux un gros travail de restauration est donc nécessaire pour sauvegarder l’ensemble. Sur la photo 20 nous voyons la diversité des niveaux d’altération avec un roi Hérode encore bien coloré et son écuyer qui nous présente un costume bien terne à l’instar de la majorité d’une bonne moitié de cette scène (photo 21). Ce panneau illustre bien l’ampleur du travail à réaliser. On retrouve la même disparité entre un Créateur bien pâle (photo 22) et son voisin (photo 23) : un Séraphin bien coloré. Dans la scène du massacre des Innocents, le trio en photo 24 nous offre un personnage central vêtu d’une tunique bien teintée qui contraste avec la pâleur de celles de ses voisins peut-être d’une couleur initiale différente: le pigment utilisé au centre aurait alors mieux résisté : on remarque la bonne rémanence de la même couleur sur les jambes du personnage de gauche. Les photos 25, 26, illustrent bien tout le travail à réaliser : réfection du support, puis restauration de peinture.


Sur la photo 24, une constatation s’impose : la netteté des traits des visages et un teint de relative bonne santé, ceci se retrouve dans d’autres scènes : lors d’une précédente restauration, ce fut sans doute un choix délibéré que de privilégier la réfection de certaines physionomies. Sur l’ensemble des peintures, ceci contribue à nous inspirer une appréciation qui n’est pas désespérément catastrophique quant à leur état, compte tenu bien sûr de leur ancienneté d’origine. On peut cadrer de beaux fragments de scènes (photos 27 à 39), ils ne peuvent que nous inspirer qu’il est essentiel de sauvegarder ce rare patrimoine, subsistant en peu d’endroits: il est le témoignage toujours bien vivant de la vie spirituelle et culturelle de générations de Plougrescantais, un témoignage exprimé avec talent et naïveté dans un Art populaire émouvant.